Delphastus catalinae, coccinelle prédatrice d’aleurodes
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SPECTRE D’EFFICACITÉ ET CULTURES
ENVISAGEABLES
- Proies : petite coccinelle prédatrice d’aleurodes, Delphastus catalinae (ou D. pusillus) est un insecte originaire d’Amérique centrale qui a été importé en Europe pour la lutte biologique. Les adultes et les larves de cet auxiliaire se nourrissent d’un grand nombre d’œufs et de larves d’aleurodes, mais meurent lorsque les proies viennent à manquer. C’est pourquoi l’utilisation de ce prédateur se fait uniquement de façon curative sur des foyers d’aleurodes déclarés. Les deux espèces les plus nuisibles en horticulture ornementale sous abri, l’aleurode des serres (Trialeurodes vaporariorum) et l’aleurode du tabac et du coton (Bemisia tabaci), sont des proies appréciées par la coccinelle. Elle s’attaque à tous les stades de développement de ces ravageurs, mais a une préférence pour les pontes et les jeunes larves. Sa voracité en fait un auxiliaire très efficace. Pour achever son développement, une larve de D. catalinae mange environ 1 000 œufs d’aleurodes, tandis qu’une coccinelle adulte dévore jusqu’à 150 œufs par jour. En général, les œufs et les larves sont intégralement consommés, mais quand il ne reste plus que des larves de quatrième stade (puparium), les femelles régulent un maximum de douze individus par jour. Lorsque les coccinelles sont très actives dans les foyers d’aleurodes, on observe leurs déjections jaunâtres sur les feuilles, sans incidence pour la culture.
- Principales cultures concernées : toutes les plantes d’ornement hôtes d’aleurodes sont potentiellement concernées par les lâchers de D. catalinae, en particulier les plus sensibles, dont : Abutilon, Asparagus, Azalea, Begonia, Brugmansia, Calceolaria, Chrysanthemum, Citrus, Datura, Dipladenia, Ficus, Fuchsia, Gerbera, Hibiscus, Lantana, Lonicera, Poinsettia, Primula, Rosa, Salvia et Solanum. Dès le piégeage d’aleurodes adultes sur des panneaux jaunes englués ou la détection visuelle des colonies larvaires, parfois liée à des signes de présence du ravageur sous forme de miellat ou de fumagine, la coccinelle peut présenter un intérêt en biocontrôle et plus largement dans la stratégie de protection intégrée de la culture infestée. Il est donc important de surveiller régulièrement les végétaux exposés aux attaques pour intervenir de façon raisonnée dès la détection des premiers foyers.
- Comportement et efficacité : au cours de sa vie, cette excellente prédatrice consomme jusqu’à 10 000 œufs et 700 larves d’aleurodes. L’adulte peut survivre plusieurs mois quand il est maintenu à 25 °C sur des plantes infestées. Il se disperse dans la culture en volant, pouvant détecter les foyers d’infestation grâce à l’odeur produite par les jeunes aleurodes. Celui-ci peut ingérer de 160 à 640 œufs ou douze grosses larves par jour. Mais outre la ressource alimentaire, la croissance de cet auxiliaire est très dépendante de la température et, dans une moindre mesure, du type de plante hôte. La température minimale nécessaire à son développement au stade adulte est de 9 °C environ, l’optimum se situant entre 22 et 30 °C avec une hygrométrie comprise entre 30 et 80 %. Quand la température oscille entre 25 et 28 °C, son cycle se fait en seize à vingt jours. En revanche, lorsque les conditions sont très défavorables, l’activité de prédation est nulle. Les larves ne survivent pas à des valeurs constantes inférieures à 15 °C ou supérieures à 35 °C. D. catalinae se montre également incapable d’entrer en diapause.
Si cette coccinelle est reconnue pour sa voracité à l’égard des aleurodes, elle n’est pas très performante dans la recherche de proies, car les larves et adultes n’attaquent seulement les aleurodes qu’après être entrés en contact avec eux par leurs pièces buccales ou leurs pattes. On peut noter aussi que D. catalinae évite les larves d’aleurodes parasitées par des hyménoptères auxiliaires, tels que Encarsia formosa, Eretmocerus eremicus et Eretmocerus mundus, si celles-ci se trouvent à un stade de développement avancé. Dans le cas où les aleurodes sont en nombre insuffisant pour subvenir à ses besoins nutritifs, la coccinelle peut consommer des acariens tétranyques ou des pucerons, voire du miellat au stade adulte. Mais en l’absence totale de nourriture, elle se laisse fréquemment mourir sur place au lieu de quitter la plante hôte pour rechercher d’autres proies aux alentours. Par ailleurs, dès que la coccinelle adulte est dérangée, elle replie immédiatement ses pattes et ses antennes et tombe en faisant la morte.
CYCLE, CONDITIONS DE DÉVELOPPEMENT
- Morphologie
- Adulte : petit insecte au corps semi-sphérique marron foncé brillant de 1,4 à 2 mm de long, petites antennes, pièces buccales leur permettant de percer leur proie. La coccinelle adulte déchiquette et aspire le contenu des œufs et des larves, laissant l’enveloppe extérieure vide. Chez les femelles, la tête est marron foncé, similaire au reste du corps, alors que chez les mâles elle est marron clair.
- Œuf : ovale, blanc, de 0,5 mm environ.
- Larve : blanc crème avec des petits points noirs, couverte de poils fins. Arrivée à maturité, elle mesure 4 mm de long et ses pattes sont facilement visibles.
- Nymphe : ronde, blanche et couverte de poils courts.
- Cycle biologique : le cycle de développement de D. catalinae, insecte à métamorphose complète, comprend un stade œuf, quatre stades larvaires, un stade nymphal et un stade imago. Les nymphes sont généralement situées sous des feuilles ou sur les structures de la serre. Les adultes émergent après six jours. Une fois fécondées, les femelles pondent un œuf à la fois sur la face inférieure des feuilles au sein des colonies d’aleurodes, notamment à proximité des œufs de ces insectes ravageurs. Mais la coccinelle ne pond seulement que si sa nourriture se compose d’œufs d’aleurodes. Pour déposer le plus grand nombre d’œufs, elle a besoin de manger 100 à 200 œufs d’aleurodes par jour. À 22 °C, elle pond en moyenne neuf œufs par jour. La plus importante quantité d’œufs mentionnée dans la littérature s’élève à 544 œufs par femelle se nourrissant d’œufs de Bemisia tabaci à 26 °C.
Une femelle de D. catalinae pond un total de 300 œufs au cours de son existence. Le ratio de femelles est d’environ 50 %. Selon la société Koppert, les femelles peuvent vivre jusqu’à 138 jours en laboratoire en conditions climatiques constantes et d’approvisionnement alimentaire optimal, mais en serre de culture leur durée de vie moyenne est de deux mois. À la fin du quatrième stade larvaire, la coccinelle s’attache à la feuille à l’aide de son abdomen, en général près des nervures, où elle se nymphose.
- Conditions d’utilisation : D. catalinae est commercialisée en tube de cent adultes ou en flacon de 250 ml contenant mille individus avec des cosses de sarrasin. Sur les cultures ornementales infestées, les lâchers se font en général à raison de 50 à 100 individus par mètre carré de façon ciblée au sein des foyers d’aleurodes. La quantité est à définir selon la pression du ravageur. Si besoin, l’apport peut être renouvelé au bout de sept jours et pendant trois ou quatre semaines jusqu’à l’établissement de l’auxiliaire. En matière de lutte préventive, compter un à quatre individus/m² ou mille individus/ha deux fois à sept jours d’intervalle. On peut noter avec intérêt la possibilité de combiner en PBI l’utilisation de D. catalinae avec des lâchers d’hyménoptères parasitoïdes de larves d’aleurodes.
Jérôme JullienPour accéder à l'ensembles nos offres :